jeudi 18 décembre 2008

Les gens heureux n'ont pas d'humour


C'est une constante, semble-t-il. Les gens les plus drôles étant souvent les plus tristes en réalité. Comme un paravent doré que l'on mettrait pour plaquer une misère grise et poussiéreuse. Et plus cette misère est grande, plus belle est sa devanture. Pourquoi chercher à faire rire sinon pour se cacher derrière le sourire des autres, pour s'en emparer et, ayant enfin un peu de prise sur le bonheur d'autrui, se consoler un peu de ne pouvoir faire revenir le sien.

"L'humour est la politesse du désespoir" dit la citation parfois attribuée à Oscar Wilde (et moi je lui attribue aussi à lui parce qu'il me plait), qui n'a pas vécu cette situation ne peut pas comprendre à quel point elle est vraie, à un point presque douloureux... La façade, voilà tout ce qui reste quand on a plus rien d'autre, quand la vie elle-même semble incertaine, quand les sentiments ne sont plus que des souvenirs, quand on se prend à rêver haïr, rien que pour sentir son cœur battre à nouveau. Les êtres humains, c'est comme Disneyland, derrière les riantes façades se cache une triste réalité. Parfois j'ai l'impression d'être dans une grande foire costumée, au milieu de gens portant des masques souriants pour cacher leur visage atroce, la vérité de leur être tordu par l'horreur d'un monde sans réponses.

Les gens heureux n'ont pas d'humour parce qu'ils n'en n'ont pas besoin. Pourquoi chercher la chaleur dans le rire des autres quand on en manque pas ? Pourquoi chercher ailleurs ce qu'on a déjà ? Seul les gens vides cherchent à se remplir. Et puis, c'est le malheur des uns qui souvent fait le rire des autres, c'est la chute qui provoque l'hilarité, c'est la pique qui fait sourire l'assemblée... Mais plus que tout, c'est le plus désespéré des humains qui maitrise le mieux le rire des autres, parce qu'il est en recherche permanente de tout de qui pourrait détourner l'attention de lui, ne serait-ce qu'un instant. Le rire, c'est une armure ; l'humour, c'est une diversion. Certains rasent les murs, se font les plus discrets possible pour ne pas qu'on les voie, d'autres s'agitent dans tous les sens, font les clowns, pour ne pas qu'on les regarde.

Et apprendre à maitriser suffisamment tout ça, jongler avec son propre malheur pour en amuser les autres, me semble à tout prendre, un réflexe de survie plutôt classieux. Les rires sont souvent fêlés de larmes, les sourires ne sont que des poses, le clown est un imposteur, mais ça n'a pas d'importance. Qui nous amuserait si tout le monde était heureux ?

3 commentaires:

Shin a dit…

Je ne peux que plussoyer.
Les gens triste on tous un humour particulier on as beau les voir agiter les bras tout le temps au fond de nous on sait qu'il y a un truc qui cloche.

Merci Emma de nous faire partager ça.

Bisous toi. :x

Anonyme a dit…

Je ne peux que plussoyer aussi Binôme... Tu viens de me mettre la larme à l'oeil là, parce que c'est tellement vrai toussa...

Bisous

Fée a dit…

Ce texte est si beau d'une vérité si triste.

Bisous =)