vendredi 11 décembre 2009

You don't know me







   "Les voyages forment la jeunesse". J'aime à puiser de temps à autre dans la mare ténébreuse des sagesses littéraires du passé... J'ai pour les citations une fascination unique, elles sont comme des pépites de génie perdues au milieu du flot des paroles jamais pensées, écrites ou prononcées par nos semblables depuis la nuit des temps.
   "Les voyages forment la jeunesse", aussi je dois être bien formée si l'on considère les heures que j'ai passées dans des TGV, seule quand je le pouvais, et parfois affublée de compagnons de voyages imposés lisant d'improbables quotidiens chrétiens (La Croix) ou d'impardonnables romans aux dents longues et aux idées courtes (Twilight). Si je voyage autant, ce n'est pas pour affaires (je conçois pourtant pour les voyages d'affaires une adoration inversement proportionnelle à l'expérience que j'en ai, autant dire que je trouve ce concept génialissime), mais comme dirait l'autre "pour mon propre plaisir".

   Des trains pas toujours à l'heure m'amènent souvent à Paris (plus que mon budget l'estimerait raisonnable, en tous cas), mais aussi à Angers ou à Nancy, cela sans compter ceux que j'aurais aimé prendre, vers des destinations sinon plus exotiques, en tous cas plus lointaines. Tout ça pour quoi, pardi ? Pour voir des gens, en voilà un concept des plus étranges si on considère mon aversion générale pour le genre humain (de cette race-là, croyez-moi je n'attends plus rien de bon), et mon mépris particulier pour des concepts aussi pernicieux qu'éculés que sont ceux de l'amitié ou du partage (partage mes fesses). Il va de soi que je ne suis qu'une connasse. Mais tu le savais déjà.



   Au fond, ce qui m'effraie le plus dans cette espèce de rencontre IRL permanente que j'ai l'impression de vivre depuis plus d'un mois, ce n'est ni le trou qu'elle fait dans mes caisses (trou pourtant plus que conséquent, même si je fais parfois genre que tout va bien), ni une espèce de frayeur que j'aurais de lasser les personnes qui me subissent (trop) régulièrement. Non, je n'ai pas peur pour vous, mon égoïsme n'a pas de limites, figurez-vous, aussi j'ai peu tendance à m'inquiéter pour mon prochain, même lorsqu'il m'est d'agréable compagnie. Véritablement, si tout ça m'effraie un peu, si je suis soulagée ne ne pas retourner à Paris avant trois semaines (d'aucun diront que c'est pas mal rapide quand même), c'est parce que j'ai peur pour moi.
   Certes j'ai tout un stock de vannes éculées encore à écouler, un monceau de superficialités, des millions de banalités, pas mal de tours de passe-passe encore, mais trop de temps passé ensemble, c'est trop d'occasions de finir par être celle que je ne veux pas que vous voyiez, à aucun prix, moi-même.
   Elle est de ces personnes que vous n'aimeriez pas beaucoup fréquenter, voyez-vous, elle a des choses à vous dire que vous ne sauriez pas porter, elle n'est pas particulièrement drôle ou enjouée, non, vraiment, ne comptez pas sur Emilie comme vous comptez sur Emma pour faire le spectacle. Emma, elle, sait occuper l'espace, parler plus fort, et lancer les mots comme d'autres prennent les armes, elle est mon armure, et comme toutes les armures, elle est parfois bien lourde à porter.

   La distance est mon amie, pour toujours elle nous éloigne, à jamais elle nous sépare. Et pourtant parfois je sens que je suis trop proche, trop proche pour ma propre sécurité. Ne donnez pas aux gens les armes pour vous détruire, ou ils finiront par le faire. N'affichez pas en grand la carte de votre cœur, ses passages dérobés et ses tendresses cachées, ou vous verrez un jour que votre place forte n'a plus de secret pour l'ennemi. C'est un conseil que je vous donne là. Soyez autre, soyez ce qu'on attend de vous, et sachez pourtant surprendre, avouez de fausses faiblesses, feignez de croire, le front bombé, en des forces que vous n'avez jamais possédées, et surtout, comme si votre vie en dépendait, mentez, mentez sans vergogne, il n'est de pire monde que celui de la réalité.



   J'aimerais, voyez-vous, un jour dire tout ce que je ne dis pas, j'aimerais avoir avec vous les conversations que j'ai déjà avec vous quand vous n'êtes pas là, dans le vide. J'aimerais vous dire qui je suis vraiment, mais je crois que vous prendriez peur. Alors je mens, et vous me mentez en retour. Je le sais parce que les menteurs, les vrais, savent reconnaitre ceux de leur espèce. Mais je feins de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien comprendre, et tout va pour le mieux. N'est-ce pas ?
   Oui, je ne peux m'empêcher de remarquer comme vous aussi vous êtes loin, je vois votre maquillage, et votre costume de scène avec tellement de précision que ça m'effraie, comme une VF mal synchronisée. Et comme la version française d'un film mal doublé, si je suis capable de percevoir ce qui est faux, les dialogues originaux sont trop bien effacés pour que j'y ai accès. Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien.





Nous serons à jamais des étrangers. Et certains soirs, ça m'attriste.

7 commentaires:

Trésor a dit…

C'est beau ce que tu dis pour une fois *_*

Enfin, pas beau dans le sens, mais beau dans la façon de le dire.

Christou a dit…

Je sais que je n'ai sans doute pas ma place sur ce blog, mais j'aime m'y promener, écouter la musique, lire ou comme ce soir, être très touchée devant un tel post. Parce qu'à sa lecture, on ne peut qu'être touché(e). Comme beaucoup sans doute t'as pris des sales coups au coeur et t'as la trouille d'aimer et d'être aimée. Du coup, tu te dévalorises, tu as peur de ne plus être appréciée en étant toi. Même si Emma est ton armure, elle fait partie de toi, elle n'est pas uniquement toi certes, mais elle fait partie de toi =).
Nous serons à jamais des étrangers. Et certains soirs, ça m'attriste.

ça n'appartient qu'à toi, qu'à vous de le changer... Les amitiés url qui deviennent irl, c'est ça :)
Au début tu ne connais que la face "happy clown" des gens, puis peu à peu tu les découvres dans leur entier. Plus seulement de la déconne, tu découvres leurs soucis, leurs passés, ce qui leur fait du mal mais crois moi, ce n'est pas pour ça que mes amis de Lyon j'ai cessé de les aimer. Au contraire, je les aime encore plus fort car je les connais et ils sont devenus de vrais amis : je sais quand ils vont mal, ils savent quand ça va pas pour moi et on se serre les coudes... ce qui ne nous empêche pas d'avoir toujours autant, si ce n'est plus de moments de délires ! =)

Tu as peur d'ouvrir ton coeur, tu as peur de prendre des coups, mais si tu malgré cette peur, au fond de toi, tu as envie de voir Emilie avec les autres aussi et de ne pas toujours la laisser dans le train, je crois que ça vaut le coup qu'Emma lui tende la main pour la présenter à ceux qui, quoiqu'elle en dise sont devenus plus que des webconnaissances ;)

Bisous d'un schtroumpf utopique aux tendances bisounoursiques, qui sort d'ici car c'est vrai que ce n'est pas sa place, mais qui avait quand même envie de dire ce que tout ceci lui inspirait ;) --> []

Shin a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Shin a dit…

Pourquoi tu aurais pas ta place ici Raca ? Y a un droit de passage ? :o Et sinon nan moi tout le monde connais mon coter ours polaire. :D

Et sinon je refuse de te porter Emma/Ella/Emilie/Keunasse/ect J'ai le dot fragile, et je préfère être porter.

Et- sinon Tresor d'habitude elle écrit de la merde ?

"Soyez autre, soyez ce qu'on attend de vous," <-- Arrête (c'est marrant quant on l'écrit mal mozilla veux le remplacer par Arlette. :$) de piquer mon job. :o Je vais devenir quoi si tu me pique tout. :o Je peu pas devenir schizophrène je le suis déjà... C'est bête. :D (par contre je réclame le droit de conserver celui de bouffonne. ^^')

Vis ta vie, les autres n'en seront qu'heureux.

Ps: http://www.deezer.com/listen-4095153 cadeau. o//

Maryana a dit…

On est vraiment que des gros handicapés de notre nous véridique en fait... Le truc c'est qu'on se perd tous dans nos masques mais qu'au final on sait tous qu'on se ment les uns aux autres, pas dans le sens de vouloir faire du mal aux autres, simplement justement parce qu'on s'apprécie tous trop pour imposer notre vrai "moi" aux autres.
Mais à travers des mots couverts ou des presque-confessions comme celle-ci on se montre à quel point on tient à cet ensemble, qu'on se soutient chacun de nos non-dits. Pas dans un sens malsain non, je pense que c'est ce qui nous aide à aller de l'avant à défaut d'aller mieux, et peut-être que lorsque qu'un peu de nous nous échappe, passé presque inaperçu au milieu du reste, et quand on commence à ne pas le regretter c'est que c'est peut-être plus si regrettable... Je chéris chacune des parts de vous qui vous échappent de la sorte plus que vous ne l'imaginez.

Après ce commentaire qui ne veut pas dire grand chose, je m'en vais réflexionner à tout cela sous ma douche o/

Mio a dit…

Bien sûr. Nous le savons. C'est cette conscience du mensonge lentement entretenu qui fait que tout n'est pas faux.
Les moments et les paroles ne sont pas réellement fausses. Nous laissons juste une grande partie en retrait. Seulement ensemble ?
Non.
Je le fais avec tous. Ne me dis pas que tu ne mens qu'avec nous. Ne le dîtes pas.
Mais nous le savons. Cette conscience. Tout n'est pas faux.
J'aime tellement découvrir par bribes, oui, moi aussi.
Ce qui vous échappe, je le garde. Une petite boîte qui attend tranquillement. Une petite boîte, la plus belle de toutes.
Comme j'aime à la rouvrir pendant mes nuits de solitude. La contempler, lui souffler des mots que je ne vous ai pas encore donné. L'aimer.
Tu n'y croiras probablement pas, tu sais. Mais nous voulons savoir, au plus profond de nous, nous voulons.
Et encore plus profondément, quelque part, nous savons. Pas tout, non. Mais nous savons.
Les longs silences, les regards dans le vide insistants, les dégoûts de quelques soirs, les courses folles à espérer rattraper quelque chose qui n'est pas là, la faim d'ailleurs, le passé trop présent.
Ne te laisse pas aller. Mais nous te découvrons comme ça. Et ce que nous voyons nous plaît toujours plus. Ce que je vois me plait.
Chaque jour, un peu plus.

Binôme a dit…

Toujours une aussi belle plume, et des mots justes...
C'est notre lot à tous de se cacher, de mentir et de se mentir. Par peur de quoi ? De l'autre ? Et après ? Est-ce que se cacher empêche réellement de souffrir ? Non, car on se fait souffrir soi-même en faisant ça. Certes, s'ouvrir aux gens comporte un risque, on dévoile nos faiblesses... Mais même si je suis d'accord sur le fait que le genre humain est loin d'être bon, certaines personnes profiteront de la chance qu'elles ont de te découvrir telle que tu es et n'essayeront pas de te blesser. Volontairement du moins, car là où il y a de l'amour, il y a obligatoirement de la souffrance. Et après ? C'est comme ça qu'on apprend, c'est comme ça qu'on avance ! Haut les coeurs, Binôme de mon coeur (belle rime, n'est-ce pas ? Pas très originale, je te l'accorde xD)
Les gens qui t'aiment vraiment t'aimeront telle que tu es, ils aimeront Emma et Emilie. Quand on aime les gens, on aime leurs qualités mais aussi leurs défauts, leurs peurs, leurs déprimes. C'est un tout, on l'accepte ou pas, je ne suis pas convaincue que la demi-mesure soit acceptable dans ce domaine. Et les autres, ceux qui critiqueront par pure jalousie et parce que c'est toujours plus facile de balayer devant la porte des autres que devant la sienne, ceux que ta personnalité ne satisfera pas, ces personnes-là, tu les emmerdes. (Et tu rentres à ta maison xD) ;)

Te fais des bisouilles